Trop épais, trop fins, trop bouclés… Et si on faisait la paix avec nos cheveux ?
Trop épais, trop fins, trop bouclés… Et si au lieu de contrarier son cheveu, on composait avec ses caractéristiques, sans se soucier des stéréotypes en vogue sur les réseaux sociaux ? Modes d’emploi et soins appropriés.
« À la différence de l’Asie, encore très stéréotypée, et même des États-Unis, où les femmes veulent encore toutes le même brushing et le même balayage, en France, l’individualité prime », constate Lucille Gauthier-Braud, directrice des tendances beauté à l’agence Peclers.
À contre-courant d’une beauté codifiée et homogène, comme celle popularisée par l’Américaine Kim Kardashian, les Françaises font de la résistance avec ce style perçu comme naturel, celui de la fameuse french touch qui nous caractérise dans de nombreux domaines – beauté, mais aussi mode, médecine esthétique ou art de vivre. « On l’avait un peu oublié, fascinées par cette déferlante de beauté stéréotypée », note Lucille Gauthier-Braud.
Si afficher une certaine désinvolture capillaire nous distingue, elle est pourtant maîtrisée juste ce qu’il faut : « Le cheveu est sauvage, naturel, mais toujours avec une ligne de coupe et un coiffage réfléchis », précise le coiffeur David Lucas. Même minutie pour la coloration : « C’est un art de mélanger plusieurs techniques pour colorer le cheveu avec subtilité et créer un look sur mesure. Toujours en gardant pour objectif cette élégance naturelle, signature de la french touch« , détaille Delphine Courteille, hair stylist et porte-parole de L’Oréal Professionnel. En ligne de mire donc, une philosophie de chic sans effort, ou de « simplexité » s’il fallait inventer un concept.
Une beauté sans règles
Si nos longueurs se portent plus décontractées, plus nonchalantes, elles restent surtout ce qu’elles sont : souples, raides, bouclées ou frisées. La nouvelle marque capillaire vegan Authentic Beauty Concept, co-créée avec des coiffeurs, en a fait son manifeste en prônant une beauté sans règles, loin des conventions rigides qui ont longtemps régné. Et c’est vrai : « Aujourd’hui, on ne parle plus réellement de tendances capillaires. L’identité des mannequins est d’ailleurs enfin respectée sur les défilés. Il est clair que lisser les cheveux à tout va est bel et bien terminé », confirme David Lucas.
Dans les salons, les femmes ont de plus en plus envie de s’adapter à la nature de leurs cheveux, de respecter leur personnalité. Et le message semble passer : « On essaie de faire comprendre que plus on tente de contrarier son cheveu, plus c’est compliqué à gérer au quotidien. Et surtout que ce n’est pas forcément comme cela que l’on se sent plus à l’aise, plus jolie », poursuit Étienne Sekola, coiffeur chez David Mallett, à Paris.
Alors oui, on assume des boucles, une boule afro, un volume surdimensionné… Les mouvements nappy (rétroacronyme de natural et happy) ou « hrach is beautiful » (« le cheveu crépu est beau ») mettent en lumière et revalorisent les cheveux très frisés, crépus, longtemps brimés par les techniques de lissage permanent et de défrisage. L’authenticité est devenue un vrai parti pris.
Pour les cheveux fins et/ou clairsemés
« Aujourd’hui, on a tout ce qu’il faut pour arriver à en faire quelque chose de bien », assure le coiffeur David Lucas.
- La coupe
Le choix de la longueur s’avère essentiel : « Attention à ne pas les laisser pousser en dessous des omoplates… Quand on a peu de volume, des pointes amaigries n’ont rien de sexy », prévient Étienne Sekola, coiffeur chez David Mallett, à Paris. Même conseil pour David Lucas, qui opte souvent pour des carrés aux épaules qu’il travaille selon des lignes nettes, assez droites : « C’est mieux pour redonner un aspect de masse. » Et sur des cheveux fins mais denses, un dégradé peut s’envisager s’il est subtil ; pas de taille franche.
- L’entretien
Le bon réflexe : préserver la légèreté avec des shampoings purifiants ou détoxifiants qui délestent la fibre de ce qui la rend plate. En alternance, des formules gainantes donneront momentanément du corps à la fibre. À toujours faire suivre d’un après-shampoing, voire, d’un masque réparateur : les nouvelles formules sont plus légères ; d’autres s’appliquent même avant de laver. Idem pour les huiles nouvelle génération : « Avec des alliages et des longueurs de chaîne d’acides gras spécifiques, on obtient des huiles qui n’alourdissent pas et subliment le cheveu fin », explique Yann Lamoureux, directeur marketing chez Lazartigue.
Si on est, en plus, face à un problème de densité (peu de cheveux par cm2 ), il faut stimuler le cuir chevelu pour favoriser la pousse avec des soins antioxydants dédiés au bulbe qui apportent vitamines, minéraux et protéines. »Dès un mois, on observe une vraie amélioration. À condition d’être régulière et de persévérer », insiste David Lucas. Au mieux, on gagne des cheveux, au pire, ceux que l’on a sont plus forts et plus résistants.
- La coiffure
L’esprit coiffé-décoiffé fonctionne plutôt bien : les cheveux fins texturisés par une nuit sur l’oreiller ont souvent plus de peps qu’après un shampoing. Adir Abergel, hairstylist californien et directeur artistique de Virtue, donne le secret du carré gonflé de Charlize Theron : « Appliquer un spray volumateur en racine. C’est là qu’il faut apporter de la structure, de la construction ; le reste doit rester libre. » Séparer la chevelure en larges sections, les enrouler sur elles-mêmes vers l’intérieur avec une brosse ronde, puis fixer avec une pince. Attendre 15 min puis les défaire une à une en les crêpant à la racine, sur plusieurs épaisseurs.
- À tester chez le coiffeur
Le Fusio-Scrub dans les salons Kérastase. Un maximum de volume (près de 80 % en plus) après ce nouveau protocole pour cheveux exfoliant du cuir chevelu, boosté aux huiles essentielles, qui rééquilibre le scalp et revitalise les cheveux.
Pour les cheveux très frisés
« Après des années de dictature du lisse, la boucle a la cote et s’assume beaucoup mieux », note le coiffeur David Lucas. La preuve sur les défilés de la saison : les mannequins ont gardé non seulement leurs cheveux frisés, mais des longueurs lisses ont même été parfois métamorphosées en bouclettes très serrées (chez A.P.C.).
- La coupe
Les professionnels sont unanimes pour bannir les dégradés. « Cela crée des blocs et ça ne fonctionne pas sur ces cheveux. Il faut au contraire casser certains angles pour apporter la juste harmonie », explique David Lucas. En pratique, Étienne Sekola, coiffeur chez David Mallett, privilégie une base carrée (sous les épaules) sur laquelle il effectue un piquetage des pointes avant de couper subtilement certaines mèches préalablement twistées, sélectionnées au cœur de la chevelure. Mais le cheveu frisé est un des plus difficiles à appréhender ; même le couper à sec n’est pas toujours une garantie : « D’un jour à l’autre, il peut changer », confirme le coiffeur.
- L’entretien
Un cheveu frisé ou très bouclé est toujours sec et rapidement mousseux. Le travail de soin est donc primordial ; c’est par lui que tout se gagne. Pour réhydrater en profondeur, le shampoing est nécessaire alors même que les cheveux ne sont pas forcément sales. Les experts conseillent donc le co-wash ou low-poo (lavage avec une crème qui s’apparente davantage au conditionneur qu’au shampoing) pour éviter de décaper la fibre.
Un usage à alterner avec un duo plus classique : shampoing pour cheveux secs, suivi d’un masque ultra-nourrissant. Une noisette d’huile peut être aussi éventuellement appliquée avant le séchage. Et là, deux options : air libre ou diffuseur (jusqu’à 80 %) avant de moduler au fer à boucler quelques boucles – plutôt situées autour du visage – pour les détendre un peu.
- La coiffure
David Lucas propose de jouer avec le volume ou d’animer le mouvement en plaçant de toutes petites barrettes, cachées sous les boucles. Autres idées inspirées des défilés de l’automne-hiver : retenir une large mèche d’un seul côté de la tête à l’aide d’une grosse barrette ou ramener les mèches de devant sur le dessus du crâne pour mettre encore plus en valeur les longueurs bouclées laissées, elles, en liberté.
Pour les cheveux épais
« Aimez-les ! C’est extraordinaire d’avoir beaucoup de cheveux ; ils signent une vraie silhouette », s’enthousiasme le coiffeur David Lucas. Sans compter que plus on avance en âge, plus une chevelure volumineuse adoucit les traits et atténue les marques de fatigue.
- La coupe
Pour éviter l’effet casque, les cheveux épais doivent pouvoir bouger. « On ne fait pas de lignes droites qui créent une masse triangulaire, trop touffue », prévient Étienne Sekola, coiffeur chez David Mallett. Son secret : travailler le dernier tiers des longueurs en piquetage ou en effilage pour adoucir les pointes et les faire danser facilement. Un réglage à envisager environ tous les trois mois. Quant à David Lucas, il déconseille les coupes trop courtes : « Mieux vaut garder de la longueur pour qu’il y ait du poids dans la chevelure. Le niveau épaule s’avère souvent parfait avec cette nature capillaire. »
- L’entretien
Un cheveu épais se contente d’un à deux shampoings par semaine. Surtout quand chaque matin le brossage élimine la pollution et répartit le sébum sur la fibre. Afin qu’il reste léger, privilégier les shampoings sans silicones, bio ou naturels, ou des huiles minérales alourdissantes (le cheveu peut paraître un peu rêche les premiers temps). Une à deux noisettes suffisent, émulsionnées et massées sur le cuir chevelu : au rinçage, la mousse élimine les salissures sur le reste de la chevelure. En revanche, c’est aux longueurs que s’adressent les soins : formule nourrissante ou réparatrice, elles doivent être adaptées selon les besoins.
Il faut malaxer le produit mèche à mèche : « Cela permet de diminuer le temps de pause pour la même efficacité », conseille Johan Bouyssou, coiffeur chez Marisol. Les professionnels conseillent un séchage naturel à l’air libre, le cheveu à peine texturisé avec une noisette de crème et pré-séché à la serviette. Quand ce n’est pas possible, mieux vaut utiliser un sèche-cheveux électrique sans pousser la température. Le conseil de Furterer : vérifier sur la peau ; si ça brûle, c’est aussi trop chaud pour la fibre.
- La coiffure
Adir Abergel, hairstyler californien et directeur artistique de Virtue, donne sa version du neo-wavy, affectionné par Kristen Stewart ou Jessica Biel : avec un fer, boucler chaque mèche enroulée vers l’extérieur, puis 5 cm plus bas, recommencer vers l’intérieur. Ça change tout. Et commencer seulement à partir des tempes : « Un wavy des racines aux pointes est trop connoté 90’s », précise-t-il. Terminer en frottant dans ses mains une noisette de crème, et caresser doucement la chevelure.
- Quel balayage pour ma nature de cheveux ?
- Quel shampoing pour ma nature de cheveux ?
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