Rihanna, la bad girl bénie des dieux
Sa musique, sa collection de lingerie et même ses produits de beauté… Tout ce qu’elle touche se transforme en or
Rihanna n’a pas peur des mots. Enfin… pas de tous les mots. « Je voulais partager cette œuvre d’art », lance-t-elle dans son discours du Guggenheim, à New York, pour présenter son autobiographie visuelle. Le 11 octobre, des happy few s’étaient délestés de 150 dollars pour se presser autour d’elle. Mais, après ce bref discours, l’hôtesse, en robe léopard et chevelure sauvage, s’est éclipsée dans un bar privé, protégée par une sécurité digne des services secrets du président. Seul privilège accordé, celui de toucher – avec des gants – son ouvrage, imaginé par les artistes plasticiens The Haas Brothers : la version luxe, d’une valeur de 5 500 dollars (4 500 euros). Les images défilent, résumé d’une vie de diamants et de strings. L’objet reprend les codes du compte Instagram de « Badgalriri » (« Riri la mauvaise fille »), suivi par 76 millions d’abonnés. Un quotidien de poses lascives et de cocktails au bord de la piscine.
Comme l’exigent les conventions du conte de fées, tout commence plus modestement. Robyn Fenty naît en 1988 sur une île de la Barbade, dans les Antilles anglaises. Son père, Ronald Fenty, vend des vêtements sur les marchés et sa mère, Monica Braithwaite, est comptable. Avec ses petits frères Rorrey et Rajad, ils habitent un bungalow sans charme. Ce n’est pas la misère mais une vie simple, avec quelques brimades que vaut à Robyn son teint pâle, résultat de son métissage, guyanais du côté maternel, irlandais du côté paternel. Pour se protéger, elle joue les garçons manqués : bandanas et imposantes baskets. « Je rêvais d’une paire de Timberland : c’était comme rêver de Dior. J’ai mis de côté pendant une année pour les avoir, et je les ai eues. » Premiers signes d’une volonté acharnée… Le père fréquente trop la drogue. Alors ses parents se séparent. C’est à Robyn, l’aînée, de s’occuper des petits. La mère travaille dur.
Jay-Z, une sorte de parrain pour la future star
L’âge des premières sorties arrive. Robyn s’entoure de Melissa et Jennifer, qui tentent de lui apprendre les bases de la féminité. Pari réussi : à 15 ans, elle vainc sa timidité et remporte un concours de beauté. Et la musique, là-dedans ? Chez les Fenty, elle est déjà présente. Sa mère fredonne du Whitney Houston, mais le panthéon de Robyn se résume à trois divas : Beyoncé, Céline Dion et Mariah Carey. Elle ne fait pas qu’écouter, elle chante : les voisins la baptisent même « Robyn le rouge-gorge ». Les parents de ses copines la poussent. Devant Evan Rogers, un producteur en vacances, elle interprète « Hero », de Mariah Carey. Immédiatement convaincu, il la présente à Jay-Z, à la tête du label Def Jam. Le charme opère. « Je l’ai signée en une journée, cela m’a pris deux minutes pour me rendre compte qu’elle deviendrait une star. » Il sera une sorte de parrain, la figure paternelle qui manque à la jeune fille au moment où elle quitte son île de 430 kilomètres carrés.
C’est alors que Robyn devient Rihanna. Son premier titre, « Pon de Replay », sort en 2005. Dans le clip, elle danse sur le podium d’une boîte de nuit, en pantalon large de skateuse et brassière pailletée. Les paroles sont simples : « S’il te plaît DJ, peux-tu remettre la chanson ? » Succès immédiat. Son accent « bajan », à consonances caribéennes, envoûte. Il y a quelque chose d’éraillé dans sa voix, un timbre irrégulier, presque rêche et insolent. Depuis l’arrivée des Destiny’s Child, d’autres chanteuses ont percé ; aucune n’est restée. Britney Spears fait déjà des siennes, Paris Hilton sort d’un court séjour en prison et Lindsay Lohan commence sa première désintox. Rihanna marche droit et se transforme en usine à tubes. Elle collabore avec Sean Paul ou Eminem, part en tournée avec les Black Eyed Peas et récupère le titre « Umbrella » refusé par Britney Spears. Succès planétaire : 8 millions de singles vendus. Son style est pourtant difficilement qualifiable, tour à tour R’n’B, rap, pop, reggae, et tout à la fois. Elle aime la mièvrerie, s’autorise des clips provocateurs à la limite du sadomasochisme. Mais moins elle utilise de mots dans ses chansons, plus son public adore. On écoute du Rihanna dans les salons bourgeois comme dans les quartiers populaires.
Elle sait se réinventer un personnage à chaque chanson, sans rien écrire ni même composer. Rihanna est une superstar. Elle découvre les conséquences de ce nouveau statut. Ses premiers déboires sentimentaux avec le rappeur Chris Brown font la une des magazines. En 2009, après une altercation avec lui, le site américain TMZ publie le cliché du joli visage tuméfié. La brute sera jugée et condamnée. Pendant que la chanteuse se raconte sur des divans de télé-confession, des psychologues l’analysent en prime time. Puis elle replonge avec Brown, qu’elle requitte en s’excusant publiquement. Ses fans viennent à la rescousse, la défendent à la moindre attaque. Depuis l’apparition de Rihanna en uniforme dans le film « Battelship », elle les baptise la « Navy », en opposition aux Little Monsters de Lady Gaga ou aux Swifties de Taylor Swift. On trouve les plus fervents à la Barbade, où le syndrome Rihanna vire au syndrome insulaire. Pour les concours de sosies, les coiffeurs acceptent de reproduire toutes ses folies capillaires sur des jeunes filles tatouées de la lettre R au poignet. Dans son autobiographie, d’ailleurs, parmi les bribes de moments de vie, la chanteuse montre plusieurs passages chez le tatoueur. Dessins tribaux, revolvers sur les côtes, « rebelle fleur » dans le cou… Son corps est devenu une véritable toile.
Son dernier petit ami, Hassan, un millionnaire saoudien, lui envoie des ours en peluche par jet privé
Côté vie amoureuse, le tableau de chasse impressionne : Leonardo DiCaprio, Karim Benzema, Ashton Kutcher… Médisances, sans doute, car la belle est rangée. Depuis 2016, elle fréquente le multimillionnaire saoudien Hassan Jameel, qui n’hésite pas à lui envoyer des ours en peluche par jet privé. Rien n’est trop beau, rien n’est trop cher pour Rihanna. Pourtant, sur les tapis rouges, elle affiche toujours sa solitude. Il faut dire qu’elle n’a besoin de personne pour irradier. A son contact, on disparaît même… Un rien l’habille, et souvent un presque rien. Comme cette robe totalement transparente, incrustée de milliers de cristaux Swarovski, ou comme la traîne jaune, magistrale, plus longue que celle de Kate Middelton à son mariage, qu’elle arbore au Met Ball en 2015. Jamais Rihanna ne sortira en jogging, mal coiffée. Tout est étudié et travaillé avec son styliste personnel, Mel Ottenberg, anciennement à l’œuvre avec John Galliano.
« Forbes » l’érige au premier rang des chanteuses les plus riches du monde
« Mon seul talent dans la mode, c’est le shopping », lance-t-elle. Rien à voir avec la modestie… Car ses choix atteignent toujours la cible. Aussi excentrique que Lady Gaga, elle séduit les plus grands designers. En la matière, son nouveau meilleur associé s’appelle « Bernard », à prononcer à l’américaine. Il vient de lui offrir sa propre maison de couture LVMH, Fenty, dont elle détient 49,99 % du joint-venture. La tigresse n’est pas folle, elle sait qu’il lui faut contrôler la griffe qui porte son vrai nom. « Forbes » vient d’ailleurs de l’ériger au premier rang des chanteuses les plus riches du monde : 600 millions de dollars ! Elle passe devant Madonna et Céline Dion. Cet honneur ne semble pas l’émouvoir, encore moins l’effrayer. Tout juste si elle lève ses sourcils parfaitement dessinés. « Ce classement récompense les gens parce qu’ils sont riches. C’est quelque chose de bizarre, je ne m’y suis jamais vraiment habituée. »
« Work, work, work » reste sa devise. Chaque semaine, une de ses nouvelles affaires fleurissantes défraie la chronique. Un jour, elle lance sa marque de cosmétiques, porte-drapeau pour toutes sortes de beautés – blanches, noires, métisses. Le lendemain, elle crée l’événement avec un défilé de lingerie aux mannequins diaboliquement sexy, pied de nez aux anges de Victoria’s Secret. Comme certaine cigale, la femme d’affaires mène la danse. Mais il ne faudrait pas qu’elle oublie de chanter. Ni de terminer son neuvième album. Les fans s’impatientent. Mais la bise n’a jamais fait trembler Rihanna. C’est une fille de la Barbade. Même les cyclones ne lui font pas peur.
« Rihanna », par Rihanna, éd. Phaidon, 140 euros (1 050 photos couleur et noir et blanc), sortie le 24 octobre.
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