Avortement : enfin légalisé en Irlande du Nord, mais toujours interdit dans plusieurs pays européens

Alors que l’avortement a été libéralisé ce mardi 22 octobre en Irlande du Nord, Madame Figaro revient sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse sur le continent européen.

Sur décision du Parlement de Westminster, l’avortement a donc été légalisé en Irlande du Nord mardi 22 octobre. Dépourvue d’exécutif depuis janvier 2017, la province britannique voit ses affaires courantes gérées par Londres. Début juillet, les députés ont ainsi voté à une large majorité des amendements pour étendre le droit à l’avortement et le mariage pour tous. A contrario du reste du Royaume-Uni où il est autorisé depuis 1967, l’avortement était encore illégal en Irlande du Nord, sauf si la grossesse menaçait la vie de la mère, les contrevenantes risquant une peine d’emprisonnement à vie, en vertu d’une loi datant de 1861.

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Malgré cette avancée, le droit à l’avortement demeure encore fragile dans de nombreux pays du monde. Mais qu’en est-il en Europe ? Si une grande majorité des États autorise aujourd’hui le recours à l’avortement, ce n’est pas le cas de tous. À Malte, par exemple, l’IVG est strictement prohibée quelle que soit la situation. Ainsi, les femmes qui décident de mettre un terme à leur grossesse risquent jusqu’à trois ans de prison. La même peine est prévue pour leur praticien. L’archipel au centre de la Méditerranée est toutefois le seul pays du continent européen à proscrire totalement l’avortement.

Quelques pays encore très restrictifs

Que dit le Vatican ?

Sans surprise, aucun avortement ne peut être pratiqué dans la Cité du Vatican. Fin mai, le pape François assurait encore que l’interdit de l’avortement regardait l’humain, pas le religieux. Puis de réaffirmer qu’il équivalait au recours à un tueur à gages.

En Pologne, si l’IVG était autorisée jusqu’en 1993, elle n’est aujourd’hui permise qu’en cas de viol, d’inceste et de malformations fœtales graves. Ces dernières années, les attaques à l’encontre du droit à l’avortement ne cessent de se multiplier dans ce pays très catholique. En 2016, un projet de loi avait pour but d’interdire totalement l’avortement mais le gouvernement a jeté l’éponge, après de massives manifestations. Deux ans plus tard, le Parlement polonais a examiné une nouvelle proposition de loi à l’instigation du comité Stop Avortement, composé de plusieurs associations pro-vie. Celui-ci visait à interdire le troisième motif légal d’IVG : à savoir, la grave malformation du fœtus. Or, cela concerne 96% des avortements pratiqués légalement en Pologne en 2016, note Franceinfo. Soit une interdiction presque totale du recours à l’IVG.

Quid de la Chypre ? Alors qu’il a suivi pendant longtemps les mêmes règles qu’en Pologne, le pays de plus 850.000 habitants a assoupli sa législation vis-à-vis de l’IVG en 2018. Il a notamment réduit les contraintes imposées aux femmes pour avorter. Deux médecins devaient auparavant certifier que la grossesse posait des risques pour la santé physique ou psychologique de la femme. Les amendements votés il y a plus d’un an permettent désormais à quiconque de mettre fin à une grossesse dans un délai de 12 semaines, sans justifier d’un risque pour sa santé. Tandis que le délai est prolongé à 19 semaines notamment dans les cas de viol ou d’inceste.

En vidéo, dates, chiffres et infos clés sur l’avortement

Les exceptions

Contre toute attente, l’avortement est encore interdit dans les principautés d’Andorre et de Monaco. Celui-ci n’est pour l’instant autorisé qu’en cas de grossesse à risque pour la femme, de viol et de troubles irréversibles du fœtus. Néanmoins, le Rocher se montre quelque peu plus flexible. Un communiqué de la principauté monégasque a annoncé en août que les femmes qui mettront un terme à leur grossesse ne tomberont bientôt plus sous le coup de la loi. À ce jour, elles encourent jusqu’à trois ans de prison et 18.000 euros d’amende. En revanche, les professionnels de santé, eux, s’exposeront toujours à des sanctions.

Décalage entre loi et pratique

Certains États européens disposent de législations très encadrées sur l’avortement. C’est le cas de la Finlande, où l’IVG n’est en théorie légale qu’avant 17 ans, après 40 ans, après quatre enfants ou si la femme justifie de réelles difficultés économiques, sociales, ou de soucis de santé. En pratique, elle est toutefois aisée à obtenir. Au Royaume-Uni, même son de cloche. Les femmes britanniques doivent frapper à la porte de deux médecins pour avoir le droit à une IVG pour raisons médicales ou sociales. Mais dans les faits, il est facile d’y avoir recours.

Paradoxalement, dans d’autres pays d’Europe, où l’IVG est autorisée et ne nécessite aucune condition, l’accès à l’avortement s’avère de plus en plus compliqué. En cause : la fermeture de cliniques ou encore certains médecins qui font valoir leur clause de conscience pour refuser de pratiquer une IVG. Ce qui fait dire à certains que le droit à l’IVG est menacé.

Cet article, initialement publié le 28 septembre 2019, a fait l’objet d’une mise à jour.

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