"L’avenir de la planète commence dans notre assiette", le nouveau livre écolo à lire cette semaine

Dans son nouveau livre "L’avenir de la planète commence dans notre assiette", le romancier américain Jonathan Safran Foer explique l’immense impact de l’élevage intensif sur le réchauffement climatique, et défend la nécessité de réduire de deux tiers notre consommation de produits animaliers. Explications.

Il y a quelques semaines, Jonathan Safran Foer a rédigé une liste depuis sa chambre d’hôtel de Bruxelles. Il y a inscrit « Pas de viande avant le dîner; pas de voyage en avion pour les vacances en 2020; pas plus de trois courses en taxi par semaine; être bénévole auprès de 350.org [une organisation environnementale] ». « Dresser une telle liste une démarche difficile car elle nous pousse à nous confronter à nos propres limites, qui peuvent s’avérer assez pathétiques. » admet-il. « Mais ça nous permet de concrétiser les choses. L’engagement n’est plus qu’une simple idée ou un vague principe, il devient une décision. » Dans son nouveau livre, L’avenir de la planète commence dans notre assiette, tout juste paru aux éditions de L’Olivier, l’écrivain américain, auteur d’Extrêmement fort et incroyablement près (2005) et de Faut-il manger les animaux ? (2009), aborde le réchauffement climatique sous un prisme inédit, celui du récit à la première personne, pour faire passer un message simple : il est trop tard pour éviter le réchauffement de la planète, mais si chacun mange moins de produits animaliers, nous pourrons réduire considérablement son impact.

Un récit personnel

Le livre démarre sur une histoire, celle de Jan Karski, un Polonais qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale, a tenté de prévenir les gouvernements internationaux de l’extermination des Juifs. Un juge de la cour suprême lui aurait répondu ne pas être capable de le croire. En abordant cette anecdote historique, ainsi que la première lettre de suicide dans l’Égypte ancienne et les réflexions qui l’ont traversé durant le décès de sa grand-mère, il explique les mécanismes qui nous poussent à réagir, ou plutôt à ne pas réagir, aux dangers du réchauffement climatique. « J’ai écrit ce livre de la même manière que je réfléchis. J’assistais sans cesse à ma propre paresse, ou peut-être était-ce de l’indifférence. Mais j’ai fini par ne plus pouvoir l’ignorer. Je ne suis pas scientifique, je suis une personne déçue par ses propres inactions, qui a décidé de parler de son expérience avec l’espoir que d’autres s’y identifient. » Son expérience est celle d’un homme qui cherche à comprendre honnêtement pourquoi ses actions ne suivent pas ses discours. En ça, beaucoup se reconnaîtront dans son récit, qui évite les arguments catastrophe et les discours culpabilisants au profit de réflexions pragmatiques et de faits. On y apprend que la déforestation des zones tropicales rejette plus de Co2 dans l’atmosphère que la somme produite par tous les camions et les voitures au monde, et que 80% de cette déforestation sert à l’élevage du bétail, tout comme 70% de la production mondiale d’antibiotiques. Ou que l’être humain a détruit 83% des mammifères sauvages et la moitié des plantes depuis l’apparition de l’agriculture. Pourtant, on ne fait rien, ou très peu, pour ralentir le réchauffement climatique.

Une « crise de croyance »

Pour Jonathan Safran Foer, la crise du climat est avant tout une « crise de croyance » semblable à celle du juge de la cour suprême dont le cerveau refusait d’admettre l’existence des camps d’extermination. Selon lui, toute grande vague de changement est appuyé par de « bonnes histoires », des récits fondateurs qui poussent les hommes à évoluer. « Nous n’aurons pas ces mythes fondateurs pour la crise du climat, car elle est mondiale et implique de nombreux facteurs différents. En revanche, je suis reconnaissant envers Greta Thunberg. Elle parle aux Nations Unies, au parlement anglais, au congrès américain, qui d’autre fait ça ? Je suis aussi reconnaissant envers Donald Trump, d’une certaine manière. À eux deux, ils sont un peu le bon et le mauvais. Je souhaitais qu’Hillary [Clinton] remporte la présidence, mais en sortant de l’Accord de Paris, Trump nous force à regarder le problème en face, et à y répondre. » Comme il l’explique dans le livre, demander aux gouvernements et aux grandes entreprises d’agir ne constitue pas une réponse en soi, car les crimes qu’elles commettent sont majoritairement au nom de nos besoins de consommer à outrance. « Ce n’est pas puéril de demander de l’aide aux gouvernements. Ils sont responsables de choses qui ne concernent pas les individus à proprement parler, comme l’immense l’emprunte carbone de l’armement américain. Mais c’est puéril de les tenir pour seuls responsables. On ne peut pas leur demander de faire changer les choses sans renoncer à certaines habitudes de vie. » C’est ce que démontre Jonathan Safran Foer dans L’avenir de la planète commence dans notre assiette. En ramenant le discours sur le réchauffement climatique à l’échelle du quotidien et de la réflexion individuelle, il démontre que les actions les plus simples, comme celle de réduire notre consommation de produits animaliers à un seul repas par jour, seront à long terme les plus décisives.

L’avenir de la planète commence dans notre assiette

© éditions de L’Olivier

L’avenir de la planète commence dans notre assiette, Jonathan Safran Foer, éditions de L'Olivier, 22 euros

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