Les 8 films à voir au cinéma en octobre

"Matthias et Maxime", "Alice et le maire", "Serendipity" ou "J’irai où tu iras" font partie de nos recommandations pour ce mois d’octobre 2019.

Que voir au cinéma en ce mois d’octobre 2019 ? Pour ceux qui ont envie de quitter le plaid et Netflix entre deux averses – car les deux sont compatibles – ce premier mois d’automne offre de belles pépites.

À commencer par Matthias et Maxime, 8e film du prolifique Xavier Dolan, en dix ans de carrière, qui est aussi devant la caméra. Cette fois, retour aux sources avec un long-métrage autoproduit, et une histoire brûlante et brute comme il en a le secret. 

Côté français, on note J’irai où tu iras, qui signe le très attendu retour sur grand écran du duo de grandes amies dans la vraie vie. J’irai où tu iras réunit Géraldine Nakache, aussi à la réalisation, et Leila Bekhti. Si vous ne l’avez pas encore fait, courrez voir l’intelligent Alice et le maire, avec Anaïs Demoustier en conseillère politique de Fabrice Luchini. 

Matthias et Maxime, deux prénoms proches, comme deux frères ou deux copains d’enfance. Après un baiser échangé pour les besoins d’un film, deux garçons inséparables prennent conscience de leur attirance réciproque. Mais comment l’assumer auprès de leurs familles et de leurs amis ?

Moins d’un an après Ma vie avec John F. Donovan, Xavier Dolan explore avec ce huitième opus l’amitié, l’attirance homosexuelle et les nombreux non-dits qui y sont encore attachés ; mais aussi la fin de la jeunesse, l’entrée dans l’âge adulte et ses choix difficiles, entre existence bohème et vie de bureau.

Sans l’appui, cette fois, d’une grosse production, mais avec beaucoup d’engagement et de sincérité. Un mélodrame chavirant comme un premier chagrin d’amour. 

Matthias et Maxime, de et avec Xavier Dolan, avec aussi Gabriel d’Almeida Freitas et Anne Dorval, sortie le 16 octobre

Alice est une brillante étudiante qui ne nourrit ni idéal ni ambition. Le maire de Lyon, vieil apparatchik à court d’arguments, l’emploie comme « boîte à idées ».

De ces deux manques, deux vides existentiels, Nicolas Pariser tire un séduisant tandem, une satire politique mi-tendre mi-cruelle qui cultive l’art du paradoxe. Dommage qu’il suive parfois une pente trop didactique (beaucoup de dialogues) au détriment d’images plus subtiles.

Emily Barnett

Alice et le maire, de Nicolas Parisier, avec Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini, déjà en salles

L’artiste plasticienne Prune Nourry évoque le cancer dont elle a été atteinte et son traitement par chimiothérapie. Sous la forme d’un journal filmé, son documentaire n’évite pas certains écueils – une tendance à l’autopromotion –, mais sa forme singulière et sa manière de faire dialoguer maladie et création (ses sculptures de divinités indiennes et ses travaux autour de la bioéthique) en font une œuvre ovniesque et attachante.

Emily Barnett

Serendipity, de Prune Nourry, sortie le 23 octobre

Animatrice d’une émission de voyages japonaise, Yoko part en Ouzbékistan avec son équipe.

Leur objectif, remonter l’ancienne route de la soie à la recherche d’un poisson mythique. Un but qui s’efface peu à peu au profit de l’immersion de Yoko auprès des populations locales et du choc des valeurs. Après les invasions extraterrestres (Avant que nous disparaissions) et un voisin maléfique (Creepy), Kurosawa filme la rencontre tragicomique d’une femme avec elle-même.

Une balade existentielle.

Vincent Cocquebert

Au bout du monde, de Kiyoshi Kurosawa, avec Atsuko Maeda, Shôta Sometani, sortie le 23 octobre

Quarante ans après Shining, c’est au tour de Doctor Sleep, sa suite publiée en 2013 par Stephen King, d’être adapté au cinéma (voir aussi p. 116). Et le choix du réalisateur, dont l’œuvre fait écho à celle de King (Ne t’endors pas, The haunting), n’a rien d’un hasard. Si l’histoire est un peu improbable (devenu adulte, Torrance aide une petite fille aux pouvoirs similaires contre une secte en quête d’immortalité), le film trouve tout son intérêt dans une mise en scène onirique et une tension qui envoûte plus qu’elle ne fait frémir.

Vincent Cocquebert

Doctor Sleep, de Mike Flanagan, avec Ewan McGregor, Rebecca Ferguson, sortie le 30 octobre

Les fans de ce duo d’amies le plus populaire de France l’attendaient de pied ferme : J’irai où tu iras signe le retour de Leila Bekhti et Géraldine Nakache sur le grand écran, presque dix ans après Tout ce qui brille (2009).

Cette fois, elles jouent des soeurs que tout opposent, seulement réunies par leur amour inconditionnel pour leur père, le collant et cachottier Patrick Timsit. La sérieuse Mina, infirmière, accepte d’accompagner la douce et décalée Vali, à un concours de chant pour devenir la prochaine choriste de son idole, Céline Dion. Bien sûr, le voyage est périlleux, et pousse les deux femmes dans leurs retranchements. Sympathique, cocasse et émouvant, mais un peu trop prévisible.

Morgane Giuliani

J’irai où tu iras, de et avec Géraldine Nakache, avec aussi Leila Bekti et Patrick Timsit, sortie le 2 octobre

Après plusieurs documentaires longs et essais, Caroline Fourest bascule cette fois dans la fiction. Pour son premier film, Soeurs d’armes, l’essayiste a décidé de s’inspirer de récits de femmes combattant auprès des Kurdes, contre Daech, dans des petits escadrons entièrement féminins, redoutables, entraînés en plein désert. 

Soeurs d’armes se veut presque un cas d’école, dans sa méticulosité et sa volonté sous-jacente de raconter au mieux les horreurs d’une région qu’elle connaît bien, au risque de frôler l’exposé. On y suit un groupe de femmes du monde entier venues prêter main forte. Parmi elles, deux jeunes Françaises, Kenza (Camélia Jordana) et Yaël (Esther Garrel), parties au front sous couvert de mensonges. À côté, on suit le destin tragique de Zara (Dilan Gwyn), kidnappée, voilée de force et vendue en mariage à un terroriste, après l’invasion de son village idyllique. 

Ces portraits de femmes sont forts, complémentaires, et assez inédits. On est happé par la prestation de la musicienne Noush Skaugen, combattante savamment rebelle et prolixe aux airs de PJ Harvey, et d’Amira Casar, parfaite en cheffe de bande insondable.

Ces guerrières confrontent leurs croyances et raisons personnelles de se trouver là, et revendiquent une démarche d’empuissancement féministe qui passe par les armes. Dans Soeurs d’armes, la violence, présentée comme un prolongement parfois nécessaire de la résistance, peut s’avérer salvatrice. Notamment quand ces guerrières tuent des assassins et violeurs ayant honte de mourir sous la balle d’une femme. Le film confronte ainsi un tabou : les femmes peuvent avoir recours à la violence quand cela est nécessaire, et aimer se venger, et venger toutes les autres avant elles.

Le film donne aussi une large place à des personnages occidentaux radicalisés et enrôlés chez Daech, permettant d’équilibrer le propos et soulever une autre réalité. L’organisation terroriste est montrée comme atroce, et hypocrite, parfois même tournée en dérision. Si les moments de solidarité sont beaux, les scènes de guerre, torture, manipulation ou propagande sont dures et peuvent choquer les publics sensibles.

Avec ce film, on sent aussi, chez Caroline Fourest, une recherche de vengeance. La tuerie de Charlie Hebdo, perpétrée le 7 janvier 2015, journal satirique dans lequel elle a travaillé plusieurs années, est ainsi évoquée. La réalisatrice a d’ailleurs tenu à ce que son personnage principal soit une artiste, pour symboliser la liberté à travers le pinceau.

Morgane Giuliani

Soeurs d’armes, de Caroline Fourest, avec Dilan Gwyn, Camélia Jordana, Esther Garrel, sortie le 9 octobre

Mais l’événement cinéma le plus attendu de ce mois d’octobre est sans conteste Joker. L’intense Joaquin Phoenix (Her) se glisse dans la peau du célèbre ennemi de Batman, dans un film racontant la genèse de ses activités morbides.

Longuement ovationné à la Mostra de Venise, il a aussi été critiqué aux États-Unis comme justifiant la violence inouïe du tueur par une déception amoureuse. Il faudra le voir pour en avoir le coeur net. 

Morgane Giuliani

Joker, de Todd Phillips, avec Joaquin Phoenix, Zazie Beetz et Robert De Niro, sortie le 9 octobre

Source: Lire L’Article Complet